A QUOI RÊVENT LES TRADITIONS CHAMANES …

Difficile de dater la présence des amérindiens aux USA. Selon les datations au carbone 14, on oscille entre 12 000 et 35 000 ans. Au début de notre ère, on parle de la culture des Anasazi, qui signifie « anciens » dans cette partie du sud-ouest des Etats Unis, l’Arizona et en particulier à Chaco Canyon, près de Santa Fe au Nouveau Mexique. Aujourd’hui sur la réserve Hopi, à Old Oraibi, il reste onze villages, répartis sur trois mesas, ces plateaux où vivent environ 3 000 personnes. Ce qui m’a le plus surpris là-bas, c’est la pauvreté et la sécheresse. Les aigles y sont élevés sur les toits plats des cabanes en bois et attachés par les pattes, à cause des interdits des blancs ! Chaque pied de maïs est planté  tous les un mètre cinquante, à cause du manque d’eau. Leur religion est extrêmement complexe et tenue secrète. Ils portent pourtant la paix autour d’eux. Et il est curieux de constater, que lorsqu’on traverse en voiture d’autres réserves, comme celles des Navahos par exemple, toutes leurs routes sont bordées de grillages et de barbelés situés à deux mètres de la route, sur des centaines de kilomètres. Or, quand on arrive en territoire Hopi, il n’y a plus aucune barrière.

Pour les Lakotas :« O MITAKUYE OYASIN ! »…. Signifie : Tous les miens !

Une "Plain Dance" à Taos, Nouveau Mexique, photo de B.G. Randall sur carte postale éditée à Santa Fe par Las Quince Letras.
Une « Plain Dance » à Taos, Nouveau Mexique, photo de B.G. Randall sur carte postale éditée à Santa Fe par Las Quince Letras.

Les prières sont courtes chez certains indiens d’Amérique du Nord ! Cette simple phrase : O Mitakuye Oyasin, est répétée par les Sioux, comme un leitmotiv à la fin de chaque rituel et représente, La Prière, qui englobe tout l’univers. On peut aussi y voir un rappel des sonorités de nos propres voyelles et d’ailleurs, de la tendance générale, à utiliser ce type de sons voyellisés, pour évoquer les noms de dieu et ce dans de nombreux groupes ethniques. Englober est bien le terme qui convient aux visions amérindiennes comme animistes, car c’est le le cercle, qui pour eux est la forme la plus sacrée. Forme très primitive au demeurant, tout comme pour les premières constructions d’abris, les écuelles…

Crow Dog, homme médecine Lakota, rapportait parmi ses visions : – «  Des orbites à l’intérieur des orbites, des cercles à l’intérieur des cercles, depuis le grand cercle de l’univers qui, il y a une éternité, s’est engendré selon son propre rêve. Nous sommes tous reliés dans le cercle sacré! « …  Quête de vision, quête de pouvoir. Serait ce que tous les hommes à travers le monde et les siècles, soient en quête des mêmes rêves ?  Pour sa première quête de vision, le jeune amérindien reçoit un nom d’animal, de plante ou d’évènement. Mais toute vision, quand elle a été comprise, « oblige » celui ou celle qui la reçoit. Et ce n’est pas toujours facile d’obéir à ses rêves. Le pouvoir reçu lors d’une quête de vision est très grand, souvent bien difficile à maîtriser. Pour les chamans, eux, cette maîtrise est encore plus dure. Il leur faut jouer avec les extrêmes de la vie à la mort, passages obligés pour apprendre à contrôler les éléments et le monde sauvage. C’est souvent par le retrait dans la solitude ou la maladie, que peut alors se développer l’illumination intérieure. La confrontation avec la mort, si le passage est initiatique, n’a souvent rien de symbolique, mais prend souvent la réalité au premier degré avec un accident bien réel, ou une maladie chronique. De nombreuses représentations figuratives sur les murs de grottes ou sur des objets, illustrent par le démembrement ou le morcellement du corps, la nécessité de toucher la mort de près, devenant alors un véritable passage initiatique. Cet acte permet ainsi d’atteindre par les visions, les pouvoirs chamaniques qui leur sont inhérents.

La langue commune à tous les peuples, serait-elle celle des  » I-MAGES  » ?

Ombre d'une branche de platane. Photo Eliette Gensac, extraite de son livre "Palabres de Platanes".
Ombre d’une branche de platane. Photo Eliette Gensac, extraite de son livre « Palabres de Platanes ».

Ces symboles apparemment virtuels, captés à travers les visions et les voyages chamaniques ou autres illuminations spirituelles, soit sous drogues hallucinogènes ou obtenus par des techniques respiratoires, des chants ou des tambours. ont toujours été les clés énergétiques de la connaissance. Les images vivantes, statiques ou animées, quand on arrive dans ces états non-ordinaires, à les percevoir, il faut savoir qu’elles nous voient aussi. La vision s’effectue dans les deux sens. Les forces et les énergies échangées ne font pas dans la dentelle. Par contre, s’aventurer sur cette route, sans la connaissance des forces positives ou négatives que l’on va rencontrer, ou sans l’accompagnement d’un chaman, c’est prendre le chemin de complications personnelles parfois dommageables.

A SUIVRE …