
Les graines sauvages qu’a semée Dame Nature sur les chemins des hommes, restent toujours la manne indispensable, qui comble partiellement encore aujourd’hui, la grande faim inégalitaire des populations de notre globe. L’alimentation par ses valeurs psychoaffectives et sociologiques, est un élément majeur de la chaîne culturelle qui relie nos ancêtres à nos descendants. La cuisine des simples et autres produits sauvages, a toujours existé et bien avant la conquête du feu et de l’agriculture. Alimenter notre corps est compris comme un acte sacré, indispensable pour que la vie se perpétue. C’est même au-delà, un art sacré transmis oralement par les mythes et les légendes, puis s’inscrivant en règle, lois et obligations dans les textes des livres révélés de l’Ancien Testament, la Bible, le Coran ou les Védas et jusque dans notre code ADN, qui fait d’office, mémoire et mutations.

La nourriture nous fait signe. Mais quels sont ces appels enkystés par nos ancêtres et que nous ingérons inconsciemment lors de la dégustation des aliments ? Qu’ont-ils pu ou voulu nous transmettre à notre insu à travers nos gènes, quels symboles culturels ont-ils pu pointer de connotations affectives, d’interdits, de médications, pour une survie de l’espèce, et qui nous font manger selon les diktats en constante adaptation, dans une connaissance qui s’effrite avec le temps ?
Les symboles de la vie sont ainsi déposés sur nos nourritures terrestres et nous les avons goûtés. Le réflexe du goût s’est installé et se trouve lié à la chimie des aliments que nous absorbons. Comment lister le rôle des stimulis sensoriels dans le déclenchement des sécrétions et de la motilité digestive ? Si nous nous levons du pied droit un matin, est-ce dû aux poireaux vinaigrette de la veille, plus faciles à digérer qu’un couscous royal au mouton en kebab bien arrosé, ou bien est-ce dû à un contexte chaleureusement convivial, ou encore aux souvenirs bons ou mauvais qui s’y rattachent, ou pour toutes ces raisons à la fois ou d’autres ? Sait-on encore pourquoi on se met à chanter quand arrive le dessert après un délicieux repas partagé entre amis ? Cette coutume remonte au Moyen-Age, lorsque la châtelaine du lieu, allait offrir à un de ces convives pour qu’il chante haut et fort, un rameau de buis, sur lequel s’accrochaient de multiples rubans de couleurs vives et toniques. L’usage du rameau de buis vert, était attribué à l’image du cycle de la vie et en particulier à Aphrodite déesse de l’amour, à Cybèle pour la fécondité et au sombre Hadès qui représentait la mort. E.G.